Vous êtes ici : Accueil / Actus / 3 questions à Mathieu Leborgne sur la concertation et les réalités territoriales

3 questions à Mathieu Leborgne sur la concertation et les réalités territoriales

A l’occasion de la parution du Cahier de la sécurité industrielle « Concertation et réalités territoriales. Les leçons de Salaise sur Sanne », la Foncsi vous propose une interview de son auteur, Mathieu Leborgne, sociologue.
3 questions à Mathieu Leborgne sur la concertation et les réalités territoriales

Mathieu Leborgne, sociologue, co-auteur du diagnostic

La commune de Salaise sur Sanne, située dans la vallée du Rhône, accueille depuis le début du XXe siècle un important site industriel chimique. En 2010, elle commande à l’Icsi un diagnostic sociologique en vue de mettre en place un éventuel dispositif de concertation sur les risques industriels.

Pour en savoir plus et consulter le Cahier de la sécurité industrielle 2014-05, cliquez ici : « Concertation et réalités territoriales. Les leçons de Salaise sur Sanne ».

> Comment s’est déroulé votre diagnostic sur le territoire de Salaise et quelles en sont les grandes conclusions ?

Mathieu Leborgne. Nous avons travaillé avec des élus passionnés, demandeurs d’un regard impartial sur les perceptions des risques par les habitants de Salaise. Et plus largement demandeurs d’une nouvelle forme de rencontre avec leur population qui a beaucoup évolué ces dernières années. Après un travail de recherche documentaire et une large enquête de terrain, nous avons remis nos conclusions…  Conclusions différentes du postulat de base : le risque industriel est intégré à la vie locale et les salaisiens ne paraissent pas motivés par un dispositif pérenne de concertation dédié. En revanche, un intérêt significatif est relevé pour des questionnements plus larges intégrant la santé et l’environnement. Une phase de transition semble se dessiner pour Salaise : le passage d’une ville-usine à une ville intégrant une chimie durable et des activités tertiaires,) est, peut-être, en train de poindre.

 

> Quel peut être l’apport de la recherche en sociologie pour ce type de commande ?

ML. Tout l’intérêt de la recherche est de pouvoir convoquer, en étudiant le terrain, des approches, des concepts issus de notre « bagage » scientifique et de les faire partager au commanditaire. Ce regard souvent décalé suscite discussions et échanges : c’est le but. Par exemple, pour analyser ce qui dessinait à l’issue du diagnostic, nous nous sommes appuyés sur les réflexions de Boltanski et Thévenot, notamment lorsqu’on évoque le passage de « cité rouge » à « cité verte ». Tout en étant théoriquement très construits, ces termes peuvent aussi être très parlants pour le commanditaire. Enfin, mener des travaux sur la thématique de la concertation de longue date permet d’interroger différents territoires et de les mettre en regard. Cela confère de la profondeur à nos analyses.

 

> D’après vous, quelles pistes se dessinent pour continuer d’améliorer la concertation ?

ML. Une vision critique de la concertation, telle qu’elle est mise en place, s’amorce aujourd’hui : trop d’instances, pas assez de place à l’expression citoyenne… Nous poursuivons notre réflexion sur cette thématique avec comme focale importante la question des territoires. Car les processus de concertation ont beau être bien pensés, légitimes, on se rend compte qu’on ne peut pas faire l’économie d’un substrat historique, économique… Chaque territoire est différent, la Conférence riveraine de Feyzin n’est pas reproductible partout et tout le temps. Il s’agit de prendre le temps d’analyser, d’écouter son territoire et d’accepter le « dévoilement » proposé par la discipline sociologique.

Calendrier « Avril 2024 »
Avril
DiLuMaMeJeVeSa
123456
78910111213
14151617181920
21222324252627
282930