Du nouveau pour les FOH ?

Les travaux de la Fondation sur les FOH

La Foncsi a réalisé de 2017 à 2019 une analyse stratégique sur les « Méthodes, outils et approches pratiques des FOH », aboutissant à la publication d’un ouvrage académique en open access chez Springer : « Human and Organisational Factors. Practices and Strategies for a Changing World ». Au sein des groupes d’experts académiques et industriels, l’Institut pour une culture de sécurité industrielle (Icsi) avait alors participé activement à ce travail.

Deux ans plus tard, le 23 juin 2021, l’Icsi et la Foncsi cor-organisaient une journée du symposium « Resilience & Decision Making » dédiée aux industriels, sur le thème : « Is the at-risk industry in need of a safety management paradigm shift? » (L’industrie à risque a-t-elle besoin de changer de paradigme pour la gestion de la sécurité ?). Une nouvelle fois, la question de la prise en compte des FOH y était questionnée.

Le transfert vers l’industrie et le terrain

Ces deux axes de travail de la Fondation ont permis d’établir un certain nombre de conclusions proposant un renouveau des FOH dans les industries à risque. Et ce 14 septembre, la Foncsi et l’Icsi ont co-organisé une après-midi de travail sur le FOH (rassemblant une 30aine de participants) et proposé un véritable renouvellement des modèles en cours.

Quels ont été les constats présentés par la Foncsi ?

Premier constat : Les FOH sont incontournables, mais leur pouvoir décisionnel dans l’entreprise reste bas, enfermé dans un « habit de sécurité » peu stratégique.

Deuxième constat : On continue à construire la sécurité dans l’industrie avec un modèle et une organisation « historiques » (pilotée sur le court terme avec des indicateurs locaux). Ce modèle est peu corrélé aux apports scientifiques​ et d’autres voies sont prônées par l’Académie : adaptation dynamique, approches participatives, valeurs, dialogue, lutte contre le silence organisationnel, confrontation au réel et aux situations de conflits sécurité et performance, etc.

Troisième constat : Les FOH, particulièrement dans leur dimension organisationnelle et managériale, visent plus à gérer les risques que la sécurité​. Et les FOH traditionnels sont trop peu formés à traiter du management stratégique et de la politique des risques.

Quelles pistes de changement propose la Fondation ?

Un premier mot d’ordre : changer de paradigme. Voici la première piste proposée par la Fondation. L’objectif des FOH ne doit plus être uniquement de satisfaire la norme et de tendre vers une absence de problème, mais ils doivent permettre d’accepter une gestion de la sécurité dans un système naturellement « instable et bruyant ». La transparence, le dialogue et l’exemplarité doivent être au cœur des préoccupations de la chaîne managériale, qui doit s’adapter en permanence à ce système évolutif et instable. Cette nouvelle posture devra nécessairement être couplée à une relance du dialogue avec la tutelle de sécurité.

Si les FOH couvrent deux besoins différents de l’entreprise (d’un côté une sécurité locale, et de l’autre une gestion des risques à un niveau stratégique) quelle organisation des FOH y répond le mieux ? Deux voies semblent se dessiner : l’une avec des super experts capables d’officier sur les deux niveaux ; l’autre, avec deux réseaux pilotés en hiérarchie (le réseau stratégique commandant au sécuritaire local).

Enfin, ce nouveau modèle a des conséquences notables sur la formation. En effet, la question est alors de savoir à quel niveau de l’entreprise on devra former aux FOH, et s’il faudra coupler la formation stratégique et la sécurité.