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2030: How Today's Biggest Trends Will Collide and Reshape the Future of everything

Auteur(s)
Guillén, M.F.
Numéro
2021 Février
Nombre de pages
288 pages

Formats disponibles

    Résumé

    Guilléen, M. F.. (2020). 2030: How Today's Biggest Trends Will Collide and Reshape the Future of everything, St. Martin's Press. ISBN: 9781250268174

    Notre avis

    📖📖📖📖 Un super livre à lire et relire. Facile, surprenant malgré tout ce que l’on sait déjà sur le domaine. L’analyse est souvent factuelle et pleine d’exemples. Un bon support aussi pour aider à préparer des exposés.
     

    Notre synthèse

    Intro : les constats 

    Fin des habitudes centenaires. Femmes plus riches que les hommes. Davantage de classe moyenne en Indes qu’aux USA. Davantage de grands parents que de petits enfants. Davantage de robots et de services informatiques que d’hommes. Les plus de 60 ans seront la plus grande population de la planète, et ils posséderont plus de 80 % des richesses (the grey market). Effets de concaténation de changements, plus qu’effet d’un seul changement isolé. Forme de défense : compartimenter les changements, réagir ponctuellement, ne pas faire un travail global. Plaidoyer pour une pensée latérale (plutôt que verticale), penser interactions, reposer les questions différemment, ne pas écouter ce que l’on veut entendre 

    Chapitre 1 :  évolution de la démographie  

    L’Afrique va devenir le continent le plus peuplé du monde.  L’Europe passera à la 6e place, en recul permanent, et même les immigrations ne compenseront pas ce recul.  

    Déclin de notre intérêt dans le sexe dans les continents déjà riches. On avait eu le Malthusianisme où l’on croyait que l’on allait surconsommer et manquer de nourriture sur le globe… Ce qui s’est avéré vrai, mais bien moins que prévu. Maintenant, c’est l’indifférence pour le sexe des nouvelles générations (6 fois moins de pratique que leurs ainés) qui pourrait sonner une deuxième forme de Malthusianisme, avec la hantise de ne pas pouvoir élever ses enfants, d’autant plus grande que l’on est riche. 

    L’Afrique va devoir s’accommoder d’une énorme augmentation de population. Mais le territoire est immense, peut-être une chance de tourner l’adversité en opportunité pour l’agriculture et beaucoup d’autres innovations. Pourquoi pas une « Silicon vallée de la savane » ? L’Afrique possède déjà le plus grand nombre de portables.  

    L’immigration sélective des africains diplômés dans les vieux continents sera intensifiée, mais restera régulée, de sorte qu’on verra sans doute plus d’entreprises allant chercher leur main d’œuvre spécialisée en s’implantant en Afrique plutôt qu’en demandant l’immigration de ces jeunes Africains diplômés. 

    Pour autant aussi beaucoup de nouvelles innovations et nouvelles firmes seront portées par des immigrants dans nos pays. Les immigrants ont une fibre entrepreneuriale supérieure aux résidents nationaux. 

    Chapitre 2 :  nouvelle génération des milleniums 

    Génération émigrante croissante, multilingue, multiculturelle.

    Mais pas tous si différents des précédents tant leur hétérogénéité interne est grande, certains très éduqués, d’autres non ; certains riches, d’autres pauvres, etc. C’est plutôt leur origine selon les continents qui fera la différence. 

    Par contre — et c’est important — ils ne représenteront pas une part de marché rapidement croissante du monde, contrairement aux jeunes générations précédentes (ils sont peu nombreux en relatif), et de ce fait seront souvent négligés par les politiciens et les commerçants.  

    La population des 60 ans sera 23 fois plus grande que la génération Z en 2030 ; et du coup, une cible politique et commerciale majeure. 

    On peut s’inquiéter de savoir si on pourra payer les retraites, mais on est par contre presque sûr de la puissance économique de la silver économie. Avec un paradoxe : la jeune génération est celle des start-ups, mais elle-même n’a pas encore tourné sa vision vers cette silver économie, et lui propose insuffisamment des produits adaptés et attrayants à l’achat. Comme si les deux pôles, les jeunes innovants et les seniors consommateurs, ne se mettaient pas en contact utile.  

    On doit aussi penser à ne pas reconduire nos standards au-delà de 2030 (comme l’intergénérationnel classique tel qu’il a existé jusqu’à nos jours).  

    Beaucoup de sociétés/entreprises connues vont disparaitre d’ici 2030 (par exemple Philips).

    Attention aussi à la corrélation connue entre consommation et âge qui ferait que l’économie se mettrait à obéir aux demandes de la part dominante des séniors (ce qui ne s’est jamais vu) : moindre consommation de très gros biens (voitures, maisons), plus de sécurisation des placements, plus de profits immédiats. Si cette vision venait à dominer les économies, elle pourrait fortement orienter et impacter en 2030 le système financier tel qu’il s’est construit depuis des décennies. 

    Dès 2040, les premiers milleniums vont aussi partir à la retraite, génération plus narcissique, mais qui a moins de 50 % de chance d’être plus riche que leurs parents, et qui pourrait même être la génération de retraités avec le plus faible niveau d’économies jamais vu depuis plusieurs générations. 

    Chapitre 3 : ancienne versus nouvelle classe moyenne 

    Paradoxe indien de la voiture du pauvre (la Tata) qui n’a pas trouvé son marché aux Indes parce que justement trop marquée pauvreté pour les acheteurs. 

    Contrastant avec l’attrait et le succès commercial en Indes pour des barbecues très sophistiqués alors que cette classe émergente Indienne ne consomme pas de viande… 

    Partout la classe moyenne est le pilier de toute économie nationale, et aussi la garante d’une certaine démocratie.  

    Or, malgré le fait que les classes moyennes des USA et de l’Europe soient les plus riches du monde, elles ne progressent plus ni en nombre, ni en richesse, contrairement à ce qui se passe dans les pays émergents. Ce qui signifie une bascule inéluctable de plusieurs marchés de consommations vers l’Asie et l’Afrique.  

    Cette middle class est tout autant — voire plus — un « sentiment d’appartenance » plus qu’une réalité en termes de revenus, ce qui en fait en réalité un groupe très étendu et divers, en richesse et en éducation.  

    On dit cette middle class toute en recherche de conformité… Ce n’est pas faux mais elle est aussi plus individualiste, plus rejetant du communautarisme (qui caractérise souvent les classes plus travailleuses), et veut plus d’indépendance.  

    Une des clés pour comprendre les questions sur cette middle class est de ne pas assimiler la vieille middle class des USA et de l’Europe aux nouvelles middle class émergentes d’Asie et d’Afrique. Alors que l’une recule, en tout (Europe et USA), l’autre avance, en tout (Asie et Afrique).  

    La demande croissante d’un marché de proximité et de niche pour les USA et l’Europe se heurtera au réalisme économique d’une industrie mondiale versus locale ; et forcément à l’étroit aux USA et en Europe, surtout face au dynamisme et à la demande explosive du marché Chinois, Asiatique et Africain. Dans ce contexte, même les grandes entreprises américaines et européennes auront plus de clients à séduire à l’étranger que dans leur propre pays (c’est déjà le cas du tech, d’AirBNB, de Netflix et bien d’autres biens de consommation), et devront faire attention à ne pas mourir en ciblant des produits qui ne plairaient qu’à une minorité locale et nationale… 

    Quant aux jeunes milleniums, ils aspirent à faire partie de cette classe moyenne, mais souffriront du marché de l’emploi qui se précarise ; seuls 30 % de cette génération Z sont dans cette classe, comparé au 70 % d’appartenance de la classe X. L’idée d’un revenu universel de base pourrait même s’imposer dans ce contexte. 

    Chapitre 4 : Les femmes plus riches et plus puissantes 

    Les femmes vivent plus longtemps, héritent plus ; elles deviennent plus riches, plus éduquées, plus entreprenantes.

    Cette inversion d’une situation millénaire crée en retour de nouvelles dimensions sociétales à considérer, et pour certaines à redouter. Le mariage est moins couru. Les femmes ne dépensent pas leur argent sur les mêmes produits que les hommes, économisent nettement plus — surtout dans leur période initiale d’adulte — font plutôt moins de crédits, avec de meilleures assurances, investissent davantage dans l’éducation de leurs enfants et d’elles-mêmes, veulent mieux assurer leur indépendance.  

    Mais elles sont aussi plus audacieuses dans leur investissement et leur vie, et surtout plus avisées, en « jouant moins avec le marché financier » mais en gagnant plus que les hommes sur ces marchés. Bien sûr ces données ne sont que des chiffres moyens qui cachent une grande disparité individuelle, entre conformistes traditionnelles versus audacieuses.  

    Leur plus grand risque financier est — et restera — celui de devenir mère célibataire, et encore plus mère célibataire très tôt, même avec une pension reversée avantageuse. 

    Les hommes et femmes sans enfants vont devenir de plus en plus nombreux (20 % environ aujourd’hui ; 33 % de la population sans enfants en 2030 aux USA).

    Bien-sûr aussi, le statut de beaucoup de femmes reste défavorisé — et ne s’améliorera que lentement d’ici 2030 — dans plusieurs régions : 50 % d’entre elles en Afrique, mais aussi au Moyen-Orient, et en Asie du Sud-Est ; mariages forcés, mutilations sexuelles, pauvreté, autorité maritale, discrimination professionnelle, etc. 

    Difficultés aussi dans la gestion travail-famille, particulièrement pendant les études des enfants pour des mères travaillant à temps plein et engagées dans leur propre carrière. A l’horizon 2030, rester à la maison apparait pourtant comme une alternative révolue, en tout cas moins porteuse de bénéfice et de satisfaction qu’avant.

    Peut-on pour autant s’attendre à de grands bouleversements de genre dans les postes à très haute responsabilité en 2030 ? Sans doute un peu, mais pas autant qu’on ne l’espérerait. 

    Chapitre 5 : le réchauffement et la réalité urbaine 

    Les villes occupent 1 % du territoire de la planète et hébergent 55 % de l’humanité. Elles pourraient être le lit de crises très importantes par la combinaison du réchauffement, particulièrement dans les villes côtières, de la pauvreté et de la surpopulation. La lumière émise par les villes est directement proportionnelle à leur richesse. 

    Montée de l’obésité au détriment de la faim, inversion des courbes mondiales en 2030 (projection de 50 % des citoyens américains obèses en 2030).

    L’eau risque d’être un gros problème avec le réchauffement climatique, d’autant qu’elle est nécessaire à la production d’énergie qui devra croitre. 

    Plus de « fermes en villes », attractives pour éviter des transports de nourriture de plus en plus lointain et énergivores (urban agriculture, vertical farming).

    Désindustrialisation des villes, le bel exemple réussi de Bilbao se convertissant à l’art et au tourisme. 

    Une plus grande tolérance, notamment aux pratiques sexuelles.

    Mais au total, paysage plutôt inquiétant pour les villes de 2030 accumulant des obèses, isolés, perdus sur leurs réseaux sociaux, contrastant la présence de quelques créateurs avec une masse de gens pauvres soumis à la congestion et la pollution.

    Chapitre 6 : plus de téléphones que de toilettes 

    Disruptions créatives. Les téléphones ont conquis l’Afrique en quelques années alors que les toilettes ne sont toujours pas disponibles.

    La destruction créatrice de Schumpeter a aussi opérée. La durée de vie des entreprises s’est réduite particulièrement dans ces secteurs créatifs, mais les rebonds d’emplois sont réels, le tout avec un risque d’élimination progressive des emplois les plus sophistiqués tenus par des robots intelligents au profit d’emplois déqualifiés. 

    Restera à gérer les sacrifices chez ces robots intelligents dans les situations ou aucune bonne réponse n’est disponible (trolley problem, machine ethics). Révolution de la 3D. Assurance avec big data en temps réel. Nanotech, nouveau matériel des vêtements, économie de carbone++. 

    Les ebooks n’ont pas réduit la lecture :  elle était nulle et le reste chez les milleniums ; paradoxe de l’Afrique qui devient le continent qui lit le plus, des ebooks mais aussi livres papiers. 

    Chapitre 7 : imaginer la fin de la possession des biens matériels 

    Tout pourrait se louer à l’avenir pour un profit et un usage immédiat, ponctuellement ou sur de longue période, toujours avec le dernier cri et en réponse exacte de ce dont a besoin, du service le plus simple au bien le plus complexe (plateforme digitales collective, cogestion de biens).   

    On aurait ainsi le plaisir et l’usage sans les inconvénients de la propriété des biens qui deviennent rapidement obsolètes, sont taxés, et nécessitent de la maintenance.  

    Pourquoi continuer à vivre avec l’idée de posséder en pleine propriété dans de telles conditions ? Mais en y réfléchissant, ce n’est qu’un retour aux anciennes normes de vie collective, passer du « me » au « we ». 66 % des citoyens du monde seraient prêts à inscrire un ou plusieurs de leurs biens sur le web partagé.   

    L’effet peut même aller plus loin, beaucoup de milleniums hésitent à acheter une voiture, mais ils hésitent aussi à passer le permis.  

    Mais attention, ce sont surtout les milleniums d’Asie et d’Afrique qui se comportent ainsi. Les plateformes AirBnB aux USA et en Europe sont bien plus utilisées par les séniors que par les milleniums. L’idée de renoncer à posséder doit encore faire du progrès dans des cultures américaine et européenne qui se sont bâties sur la reconnaissance du succès par la possession.  

    De même, les réseaux supposés mondiaux ne fonctionnent souvent bien qu’en local, avec des points d’intérêts culturels communs.  

    Sans oublier qu’on fabrique en parallèle une augmentation de travailleurs si pauvres et précaires qui ne possèdent rien parce qu’ils ne peuvent pas posséder. C’est eux qui essaieront d’utiliser au maximum ces nouvelles technologies pour compléter leur mois par une offre de petits services (16 % de la planète ?). Reste que ce domaine du partage est peu réglé, mais le sera de plus en plus d’ici 2030 (Uber).

    Chapitre 8 : plus de devises que de pays 

    Les devises étaient jusqu’à présent associées aux nations. Les billets remplaçants l’or et l’argent sont apparus chez les Chinois au 13e siècle. Depuis la dématérialisation de ces billets s’est généralisée puis a franchi de nouvelles étapes, jusqu’au retour du troc, de l’émission de monnaie privée, de cryptomonnaies digitales. 

    Ces nouvelles monnaies sont très sensibles à l’hyperinflation. 

    En 2030, les cryptomonnaies digitales – gérées par des algorithmes – pourraient proliférer, avec bien plus de ces devises que la totalité des monnaies nationales ou fédérales.

    L’idée de block-chain est au centre du maniement de ces cryptomonnaies en permettant et rendant transparent tous les mouvements financiers de ses possédants, avec même une mémoire très détaillée des actes de chacun. Certains pays sont déjà prêts à basculer dans une digitalisation totale (en Estonie dès aujourd’hui, et un projet au Ghana). Reste une forte réticence de beaucoup à reconnaître une vraie valeur à ces monnaies d’échange digitales. 

    Conclusion 

    On peut imaginer cette échéance avec de grands bouleversements : le réchauffement climatique, des évolutions majeures démographiques, des ruptures technologiques, et une évolution politique au niveau mondial dans ses équilibres locaux et globaux. 

    Mais difficile d’être certain de ce qui va arriver.