Vous êtes ici : Accueil / Conseils de lecture / Who killed patient safety?

Who killed patient safety?

Auteur(s)
Hemmelgarn, C., Hatlie, M., Sheridan, S. & Daley Ullem, B.
Numéro
2022 Octobre
DOI
https://doi.org/10.1177/25160435221077778

Formats disponibles

    Résumé

    Hemmelgarn, C., Hatlie, M., Sheridan, S. & Daley Ullem, B. (2022). Who killed patient safety? Journal of Patient Safety and Risk Management, 2022;27(2):56-58. doi: https://doi.org/10.1177/25160435221077778

     

    Notre avis

    📖📖📖📖 Qui a tué la sécurité du patient ? Un cri d’appel de collègues américains, qui vient comme un écho à la « Tribune » de René Amalberti sur les résultats en matière de sécurité dans le milieu médical, publiée ce mois-ci (octobre 2022).
     

    Notre synthèse

    La sécurité du patient fête ses 22 ans, née à l’aube du millénaire, et est déjà presque oubliée, dépriorisée par les gouvernements, en perte de financement.

    Pourquoi cet état de fait ?

    Le rapport de l’Académie des sciences américaine (To err is human) publié en 1999 estimait le nombre annuel de décès par erreurs médicales entre 44 000 et 98 000 aux USA, avec un total de plus 400 000 patients par an subissant une grave erreur médicale.

    À cette époque, les plans d’actions des politiques publiques de santé visaient le « moins 10 % » d’erreurs en 10 ans, et donnaient une priorité à la sécurité du patient dans toutes les décisions des politiques de santé. On célébrait les champions.

    Aujourd’hui, on a l’impression que la communauté médicale a renoncé à la plupart des engagements qu’elle avait pris à l’époque.

    Les résultats ont nettement progressé sur le versant prévention des infections (en anesthésie), mais moins sur les autres secteurs.

    Une revue de pairs a été conduite par l’Académie des sciences américaine en début 2022 justement sur ce sujet et sur les suites données au rapport de l’Académie de 1999. La revue constate que les objectifs n’ont pas été atteints, que les progrès sont restés limités sur le sujet, bien plus que dans toute autre industrie, et que les choix actuels sous-tendant les politiques publiques ne garantissent en rien une amélioration quelconque de la situation dans le futur.

    L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a également intensifié sa politique sur le sujet, en essayant de mobiliser les Etats, en instaurant un jour mondial de la sécurité du patient (le 17 septembre), et en lançant en 2021 un grand plan d’action 2021-2030 (Global Patient Safety Action) avec 7 objectifs stratégiques.

    Pour autant, on a plutôt le sentiment aux USA que le sujet est devenu secondaire. Beaucoup d’organisations qui étaient en support direct de la sécurité du patient ont maintenant d’autres priorités affichées, d’autres incitations financières et d’autres investissements prévus.

    Les grands piliers historiques de la sécurité du patient (l’Institute for Healthcare Improvement, l’Agency for Quality in Healthcare, le National Quality Forum, la Joint commission, le Center for Medicare-Medicaid, et quelques autres) doivent se réinterroger urgemment sur leurs implications et leur part de responsabilité dans ce recul historique.

    Le sujet de la sécurité n’est plus à la mode. On parle bien plus de Covid, de manque de ressources (humaines et matérielles), d’inégalités sociales (genres, races, orientations sexuelles plus encore que du niveau de vie), de problèmes de sous effectifs et de crises de motivation des professions médicales, de valeurs et de pertinence des soins, que de sécurité des patients. Les termes « erreurs » et « erreurs médicales » ne sont même plus couramment employés, ni politiquement corrects. Ceux de « résultats anormaux », de « surprises », de « contextes difficile »s, d’ « évènements patients » leur sont préférés sous le prétexte d’être techniquement plus corrects.

    Les USA sont encore pires que les autres nations sur ce changement de fond des politiques publiques et le désengagement sur le sujet ; la transparence est toujours une valeur essentielle à plaider de même que l’engagement et la participation des patients. Or, la sous-déclaration est pire qu’avant et la protection des avantages financiers de la profession plus grande que jamais.

    Selon les auteurs, on est encore très loin du modèle de l’aviation, et des outils et politiques publiques qui ont contribué à l’excellence de la sécurité aérienne, et on n’en prend pas du tout la direction.

    (nda) … mais pas sûr que les auteurs connaissent très bien la sécurité aérienne.