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Des perceptions à la concertation dans le Dunkerquois

De la perception individuelle des risques industriels à l’action collective en faveur de la sécurité industrielle: une approche territoriale.

ÉQUIPE

Ce projet est porté par un collectif pluridisciplinaire de chercheurs de l'Université du Littoral Côte d'Opale, nommé Irénée Zwarterook.

Contexte et enjeux

L’activité industrielle s’accompagne de risques et nuisances. Ces risques sont perçus, pensés et analysés par les industriels, qui cherchent à les réduire, et par les populations environnantes, qui n’ignorent pas qu’un accident peut avoir de graves conséquences sur leur vie ou leur santé. La recherche de la sécurité semble donc faire l’objet d’un consensus: si les premiers exposés à ces risques sont les salariés des entreprises eux-mêmes, on sait qu’en cas d’accident industriel majeur, des conséquences irréversibles peuvent largement dépasser le cadre de ces usines.

De la même manière, le problème des pollutions d’origine industrielle se pose au regard des conséquences sociales, écologiques et économiques du changement climatique, des impacts sanitaires de la dégradation de l’environnement (eau, air, alimentation, etc.) ou encore des nuisances quotidiennes subies par les populations riveraines (bruits, odeurs, etc.).

Question de recherche

La question des tensions entre sécurité industrielle et contraintes économiques, sociales et juridiques se pose donc à plusieurs niveaux.

Cette tension est d’abord le fait des entreprises. Soumises à la fois aux lois de la concurrence, aux pressions de l’opinion publique et à la réglementation en matière de sécurité, elles doivent assurer une production rentable compte tenu de ces contraintes limitant leurs marges de manoeuvre.

Elle concerne ensuite les habitants et les élus locaux. Tout se passe comme si ces acteurs acceptaient le risque dans la mesure où il s’accompagne d’avantages (emploi, taxe professionnelle). Le risque serait une sorte de «coût à payer» contrebalancé par les bénéfices socioéconomiques de la présence des industries dans la région. L’un dans l’autre, le risque et les pollutions industrielles apparaissent profondément ancrées dans le quotidien des Dunkerquois.

La tension sécurité/contraintes relève encore des pouvoirs publics et des services de l’État, en particulier pour l’administration chargée de l’inspection des installations classées. Cette tension devient plus fondamentalement une question sociétale et politique dans la mesure où la régulation des activités industrielles relève d’un choix de société. Se pose en effet le problème de la définition des critères à partir desquels le risque, la pollution ou les nuisances peuvent être jugés comme «acceptables». Des visions contrastées peuvent s’affronter, en particulier au sujet de la place de l’industrie dans la société de demain.

Enfin, cette tension se pose au niveau territorial, et avec une acuité plus forte dans les régions fortement industrialisées. C’est cette échelle territoriale qui est privilégiée dans cette recherche. Le terrain d’étude est l’agglomération dunkerquoise, un territoire où se côtoient plusieurs industries classées Seveso, et où différents acteurs sont engagés dans un projet commun d’articulation du développement industriel et d’amélioration de la qualité environnementale. Ce terrain apparaît tout à fait heuristique pour étudier les tensions sécurité/contraintes, puisque les différents acteurs impliqués dans ce mouvement commun vers le «développement durable» doivent à la fois composer avec leurs propres arbitrages et avec ceux des autres parties prenantes. Historiquement liée à son port, et, plus récemment, à ses usines, l’agglomération dunkerquoise se présente comme un objet d’étude permettant de comprendre les mécanismes de conciliation de l’aménagement industriel avec les problématiques de l’environnement industriel.

Productions

Les chercheurs ont conduit une enquête par questionnaire auprès des Dunkerquois, portant sur leur environnement, leur cadre de vie et leur perception du ou des risques industriels. Ce travail a permis d’intégrer l’analyse des perceptions et des opinions des habitants dans la réflexion sur la gestion des risques à l’échelle de leur territoire. Les principaux thèmes et résultats de cette enquête par questionnaire portent globalement sur:

  • La perception du risque et le quotidien des Dunkerquois: le sentiment d’exposition aux risques, la hiérarchisation des risques et des problèmes environnementaux, la représentation sociale des usines, la perception de la qualité de l’air, l’influence du facteur spatial sur la perception des risques, le niveau de connaissance et les besoins d’information sur les risques industriels…
  • L’hypothèse d’un incident ou d’un accident industriel: la confiance diversement accordée aux gestionnaires du risque, les comportements en cas d’incident ou d’accident, la (mé)connaissance des consignes et leur respect ou non…

Ensuite, les chercheurs ont voulu comprendre comment la prévention et la gestion des risques et des pollutions industriels pouvaient donner lieu à une action concertée. Pour cela, au cours d’une phase d’enquête par entretiens, ils ont interrogé différents acteurs impliqués dans les structures de concertation consacrées à ces questions. Ces entretiens auprès des principales parties prenantes (industriels, élus, représentants de services de l’État, associations, syndicats) ont permis, en diversifiant les points de vue, d’analyser plus finement les enjeux, les objectifs, les résultats mais aussi les limites de la «concertation».

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